Académie d’Aix-Marseille

 

RECONSTITUTION D’UNE SCENE DE LA GRANDE GUERRE

 

 

Catégorie lycée collectif :

 

1er PRIX :

Lycée La Cabucelle de MARSEILLE :

MAZAVA Eric, BOUCHOUCHA Nordine, KHAN Obeydullah, KADDOURI Eliès

2ème PRIX :

Lycée Théodore Aubanel d’AVIGNON :

GAILLARD Enzo, HAOUR Alexis, LECLERC Baptiste

3ème PRIX :

Lycée Théodore Aubanel d’AVIGNON :

POOUS Lucille, HOFFMANN Clémence

 

 

Leur histoire a commencé il y a longtemps ; c'est une histoire habituelle, récurrente, « normale » ;  il  y a toujours eu des pauvres, il y a toujours eu des guerres disent les gens bien-pensants ; après tout on ne peut pas aider tout le monde, c'est comme ça, c'est la vie ; c'est une farandole de mots, d'idées toutes faites qui s'organisent  comme une danse macabre : la ronde des pauvres, la ronde de l'abandon , la ronde de l'exil.

Les bureaucrates nommeront le phénomène « dommages collatéraux » nous nous aurons de la peine, de la révolte, un sentiment d'injustice.

Ils vivaient quelque part, n'étaient peut-être pas heureux, hier ils riaient, ils pleuraient, ils s 'ennuyaient, étaient passionnés  mais avaient un toit, des gens prés d 'eux qui les aimaient ou les détestaient mais c'était leur vie, celle qu'ils s'étaient forgés, celle qui leur était arrivée, c'était leur histoire et soudain leur vie a basculé;  jetés sur la route non pour partir en congé mais partir en exil; c'est le chemin des pauvres,  des sans -toit , leurs souvenirs sont dans leurs têtes, leurs meubles sont devenus des images et dans quelques années leurs instants de bonheur de jadis deviendront des moments fugaces qui se déliteront dans le malheur présent.

Les routes sont le nouveau décor de ces exilés du bonheur; ils ont vécu la guerre, la misère ; ils rencontrent l'indifférence : on ne regarde jamais les mendiants dans les yeux ; la misère, le malheur ça fait désordre, cela dérange ou alors il faut que ce soit une misère sur papier glacée, celle que l'on expose en noir et blanc dans des galeries : la misère transcendée, une misère de la société de spectacle qui humanisera l'inhumain qui esthétise l'abandon et l'oubli.

 

Ils sont sur la route et il y a gravé sous leurs semelles ces milliers de pas qui les ont éloignés de leurs maisons, de leurs pays.

 

Leurs regards sont comme leurs bagages : à la va vite on a pris quelque chose, un objet utile, un objet qui rappellera le passé, mais quelque part les sacs sont vides et dans leurs regards il y a de l'incertitude, de la résignation et parfois un reste de colère que la longue marche sur la route de l'exil n'a pas encore vaincu.

 

Ils fuient la guerre ou la misère, peut être une vie meilleure les attend, c'est l'espoir des exilés.

Le temps a passé mais toujours sur les routes de la terre on voit des déracinés, des exilés, des gens tout simplement qui voudraient  revenir en arrière avant que le cauchemar n'est commencé ...c'est  la ronde des pauvres, la danse macabre de l'exil.

 

La photographie qui accompagne ce texte a été réalisé  par la classe des élèves de la classe de 2°année cap MF du LPP La Cabucelle  en avril 2014 sur la route qui relie Peypins d'aigues à Grambois un jour de soleil ou la misère semblait bien loin. Texte de Madame FERRARA